Má Sài Gòn : Une lettre d'amour queer
Entretien avec Khoa Lê, le cinéaste
Article par Afterglo
Film par Khoa Lê
Photos par Danny Taillon
Attendez un peu… Khoa Lê, c’est un nom qu’on a déjà entendu quelque part, non ? Hé oui, Khoa est le cofondateur d’Afterglo (et notre panda en résidence) ! Il s'avère qu'il est assez polyvalent ; en plus d'être restaurateur, il est également directeur artistique et cinéaste. En portant tous ces chapeaux, il cherche à capter, sous plusieurs angles, les nuances qui font de nous des humains. Son dernier film « Má Sài Gòn » parle de la quête humaine d’amour, d’acceptation, de connexion et d’appartenance, sous le point de vue de la communauté LGBTQ+. On s’est assis avec lui pour en apprendre un peu plus sur son approche et comment il fait coexister création et entrepreneuriat.
AFTERGLO : Félicitations pour ton dernier projet, Khoa ! Évidemment, notre équipe sait déjà très bien de quoi il s’agit, mais peut-être pas nos lecteurs… Peux-tu leur décrire ton projet ?
KHOA : Má Sài Gòn, c’est un documentaire qui plonge dans la vie de tous les jours de personnes des communautés LGBTQ+ qui vivent à Saigon, au Vietnam. On découvre ce qui les préoccupe, mais aussi leurs désirs, leurs ambitions. On se laisse porter par leurs quêtes d’acceptation, de liberté et de connexion.
AFTERGLO : Ces histoires se passent dans ton pays d’origine, le Vietnam. Ça doit donner un côté très personnel au projet, pour toi. C’était comment, de tourner dans ton pays d’origine ? Qu’est-ce qui t’a inspiré à raconter ces histoires ?
KHOA : Le Vietnam, c’est un lieu qui m’habite et me hante toujours. Même si c’est là d’où je viens, je m’y sens comme un étranger. Comme c’est le cas pour bien des personnes immigrantes, d’ailleurs… J’ai l’impression que mes valeurs et habitudes occidentales m’en éloignent. Mais en même temps, c’est ma culture d’origine et je la porte toujours en moi. Je m’en rends compte surtout quand j’observe les rapports entre les gens là-bas ; leur façon d’interagir et de communiquer leur affection. Ça, ça reste très familier pour moi. Ça m’émeut beaucoup et ça me réconforte. Je saisis mieux les non-dits… je perçois mieux l’invisible dans les relations. C’est surement pour ça que la plupart de mes films se passent au Vietnam. Et c’est ma façon de me reconnecter au pays. De sentir que j’en fais partie.
AFTERGLO : Même si le film se passe au Vietnam, on a l’impression que ses thèmes sont universels. Peux-tu nous parler un peu des défis rencontrés par les communautés LGBTQ+ et comment certains des thèmes font écho dans d’autres cultures ?
KHOA : Les mœurs sociales ont beaucoup évolué, au Vietnam. La société est assez ouverte aux personnes LGBTQ+. Mais les choses se compliquent dans l’intimité, dans la relation aux parents. La culture de la famille, de la collectivité, du clan, est très forte au Vietnam et met une pression énorme sur les personnes qui ne peuvent pas adhérer pleinement à ces systèmes filiaux et de communauté. Les enjeux de filiation sont au cœur de la lutte pour l’acceptation des personnes LGBTQ+ au sein des familles vietnamiennes.
KHOA : Má Sài Gòn, c’est un documentaire qui plonge dans la vie de tous les jours de personnes des communautés LGBTQ+ qui vivent à Saigon, au Vietnam. On découvre ce qui les préoccupe, mais aussi leurs désirs, leurs ambitions. On se laisse porter par leurs quêtes d’acceptation, de liberté et de connexion.
AFTERGLO : Ces histoires se passent dans ton pays d’origine, le Vietnam. Ça doit donner un côté très personnel au projet, pour toi. C’était comment, de tourner dans ton pays d’origine ? Qu’est-ce qui t’a inspiré à raconter ces histoires ?
KHOA : Le Vietnam, c’est un lieu qui m’habite et me hante toujours. Même si c’est là d’où je viens, je m’y sens comme un étranger. Comme c’est le cas pour bien des personnes immigrantes, d’ailleurs… J’ai l’impression que mes valeurs et habitudes occidentales m’en éloignent. Mais en même temps, c’est ma culture d’origine et je la porte toujours en moi. Je m’en rends compte surtout quand j’observe les rapports entre les gens là-bas ; leur façon d’interagir et de communiquer leur affection. Ça, ça reste très familier pour moi. Ça m’émeut beaucoup et ça me réconforte. Je saisis mieux les non-dits… je perçois mieux l’invisible dans les relations. C’est surement pour ça que la plupart de mes films se passent au Vietnam. Et c’est ma façon de me reconnecter au pays. De sentir que j’en fais partie.
AFTERGLO : Même si le film se passe au Vietnam, on a l’impression que ses thèmes sont universels. Peux-tu nous parler un peu des défis rencontrés par les communautés LGBTQ+ et comment certains des thèmes font écho dans d’autres cultures ?
KHOA : Les mœurs sociales ont beaucoup évolué, au Vietnam. La société est assez ouverte aux personnes LGBTQ+. Mais les choses se compliquent dans l’intimité, dans la relation aux parents. La culture de la famille, de la collectivité, du clan, est très forte au Vietnam et met une pression énorme sur les personnes qui ne peuvent pas adhérer pleinement à ces systèmes filiaux et de communauté. Les enjeux de filiation sont au cœur de la lutte pour l’acceptation des personnes LGBTQ+ au sein des familles vietnamiennes.
AFTERGLO : Quels ont été les plus grands défis dans la création de « Má Sài Gòn » ? Qu’est-ce que tu as appris au cours du processus ? Comment as-tu grandi à travers ce projet ?
KHOA : Je suis de l’école qui pense que les artistes ont une grande responsabilité. En documentaire, mon matériel c’est les êtres humains. Je dois les représenter de manière respectueuse tout en répondant à mes envies artistiques et les préoccupations que je mets de l’avant. Comment montrer leur réalité de la façon la plus respectueuse et éthique ? Ça ouvre la question : je fais ce film pour qui ? Pour le public, pour moi, ou pour les personnages ? Trouver l’équilibre entre tout ça, c’est le grand défi, à mon sens. Et je crois qu’une partie importante de la réponse vient d’un esprit de collaboration. J’essaie d’impliquer les personnes que je filme dans la façon dont ils vont être représentés à l’écran.
KHOA : Je suis de l’école qui pense que les artistes ont une grande responsabilité. En documentaire, mon matériel c’est les êtres humains. Je dois les représenter de manière respectueuse tout en répondant à mes envies artistiques et les préoccupations que je mets de l’avant. Comment montrer leur réalité de la façon la plus respectueuse et éthique ? Ça ouvre la question : je fais ce film pour qui ? Pour le public, pour moi, ou pour les personnages ? Trouver l’équilibre entre tout ça, c’est le grand défi, à mon sens. Et je crois qu’une partie importante de la réponse vient d’un esprit de collaboration. J’essaie d’impliquer les personnes que je filme dans la façon dont ils vont être représentés à l’écran.
AFTERGLO : Ton équipe a créé une expérience en ligne intrigante liée au film. Peux-tu nous en dire un peu plus ? Quelle est la vision derrière cette initiative ? Quels en sont les objectifs ?
KHOA : L’espace Má Sài Gòn, c’est une expérience d’empathie. C’est un espace où les personnes LGBTQ+ et leurs alliés peuvent partager leurs histoires, leurs témoignages, leur lumière. Comme le font les personnages du film. J’avais envie de sortir du cinéma pour que le film ait un écho. Et, bien sûr, de créer des liens. Parce c’est comme ça qu’on devient plus sensible aux réalités des autres, qu’on fait naître l’empathie.
KHOA : L’espace Má Sài Gòn, c’est une expérience d’empathie. C’est un espace où les personnes LGBTQ+ et leurs alliés peuvent partager leurs histoires, leurs témoignages, leur lumière. Comme le font les personnages du film. J’avais envie de sortir du cinéma pour que le film ait un écho. Et, bien sûr, de créer des liens. Parce c’est comme ça qu’on devient plus sensible aux réalités des autres, qu’on fait naître l’empathie.
AFTERGLO : Tu as de multiples intérêts. Tu es à la fois artiste et entrepreneur, propriétaire d’un restaurant, impliqué dans Afterglo, dans une agence de stratégie/marketing, tu réalises des films, des publicités. Est-ce qu’il y a un lien entre toutes ces activités ?
KHOA : Oui, dans le sens où tout ce que je fais répond à mon désir d’explorer et de mieux comprendre le monde, les humains, leurs manières d’interagir, de vivre ensemble, de s’aimer. Par exemple, le restaurant, c’est un espace qu’on met en scène pour provoquer la rencontre, l’expérience commune, la fête. Ou encore Afterglo, pour moi, c’est une manière de mieux comprendre mon propre rapport au désir et à la sexualité. C’est une partie tellement importante de notre rapport au monde ! Et puis je fais plein de choses parce que je suis curieux, j’ai besoin de découverte, de nouveauté, tout le temps. C’est juste comme ça que mon cerveau fonctionne.
AFTERGLO: As-tu quelque chose à ajouter ?
KHOA : Oui, allez voir le film en salle ! On a beaucoup travaillé le son et l’atmosphère pour créer une plongée sensorielle dans l’univers des personnages. L’effet en salle est incroyable. C’est un film universel qui parle d’acceptation, d’inclusion, d’amour, de relation. Comme humains, ça nous nourrit et nous pousse à nous interroger. Si le sujet vous interpelle, allez-y rapidement ! Le film prend l’affiche le 2 février.
Má Sài Gòn fait sa sortie en salles le 2 février, 2024.
KHOA : Oui, dans le sens où tout ce que je fais répond à mon désir d’explorer et de mieux comprendre le monde, les humains, leurs manières d’interagir, de vivre ensemble, de s’aimer. Par exemple, le restaurant, c’est un espace qu’on met en scène pour provoquer la rencontre, l’expérience commune, la fête. Ou encore Afterglo, pour moi, c’est une manière de mieux comprendre mon propre rapport au désir et à la sexualité. C’est une partie tellement importante de notre rapport au monde ! Et puis je fais plein de choses parce que je suis curieux, j’ai besoin de découverte, de nouveauté, tout le temps. C’est juste comme ça que mon cerveau fonctionne.
AFTERGLO: As-tu quelque chose à ajouter ?
KHOA : Oui, allez voir le film en salle ! On a beaucoup travaillé le son et l’atmosphère pour créer une plongée sensorielle dans l’univers des personnages. L’effet en salle est incroyable. C’est un film universel qui parle d’acceptation, d’inclusion, d’amour, de relation. Comme humains, ça nous nourrit et nous pousse à nous interroger. Si le sujet vous interpelle, allez-y rapidement ! Le film prend l’affiche le 2 février.